N°6 – l’arbre

 

| Éditorial

On dit que les arbres sont des messagers immobiles, qu’ils donnent au ciel des nouvelles de la terre, à la terre des nouvelles du ciel. On dit aussi que dans leurs feuillages nichent les contes, que les grands vents réveillent ces oiseaux invisibles et les emportent vers les tanières des humains. Alors on croit se souvenir d’une histoire, d’une légende, mais non, on ne se souvient pas, le conte est passé sous la porte ou par la fente des volets, il s’est posé sur une épaule. On croit parler, il se raconte. Combien de songes dans les arbres, combien de prières, de fées ? Ces pages que vous feuilletez, ce papier, ces feuilles qui bruissent furent, avant que les mots leur viennent, des arbres qui parlaient au ciel. Nous avons voulu, cet été, vous donner d’eux quelques nouvelles, vous amener en promenade sous quelques frondaisons rêveuses. Rien d’exhaustif, bien sûr. Une approche, quelques conversations, une visite aux vieux parents.
La partie magazine de La Grande Oreille grandit encore et se diversifie. Vous informer, bien sûr, reste notre souci. Mais pourquoi pas aussi jouer aux simplicités enfantines des rubriques «rions un peu»? Nous avons l’ambition tranquille de faire mieux à chaque pas. Nous pouvons, certes, nous tromper, nous égarer dans des impasses, trébucher sur quelques cailloux, mais sachez-le, nous avons envie de voyager loin. Cela dépend de vous aussi. Nous avons besoin de vos suggestions, de vos idées, de votre amitié active. L’idéal serait que vous receviez La Grande Oreille comme l’on reçoit une lettre. Avec l’envie d’y répondre.
Je m’étonne sans cesse de la vitalité de cet art étrange et millénaire qui nous pousse sur les tréteaux et nous fait conter des histoires. Le public des soirées de contes ne contient plus dans les vieux murs, les associations de conteurs se font innombrables, les bulletins et les brochures se multiplient au point que (tiens, voilà une idée !) qu’il nous faudra bientôt leur faire place. Envoyez nous donc vos publications, même confidentielles, même locales, nous les ferons connaître à ceux qui nous lisent et qui peut-être les ignorent. Bref, le vieil arbre à palabres se déploie sans que l’on sache bien où il s’arrêtera. Sans doute son feuillage n’a-t-il d’autre limite que le désir du ciel. L’ambition de La Grande Oreille est d’inscrire son nom durablement sur son écorce. Me revient là ce quatrain de Cocteau‑:
Gravez votre nom dans un arbre
Qui poussera jusqu’au nadir.
Un arbre vaut mieux que le marbre
Car on y voit les noms grandir.


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