N°64 – La part du loup* Aux frontières du sauvage

 

| Éditorial

Que représente le loup, aujourd’hui ? Peut-on le réduire à sa simple fonction de prédateur indésirable, ou est-il porteur d’une symbolique qui s’est enrichie au fil des millénaires et dont nous n’avons pas fini de sonder la profondeur ? Poser la question, c’est déjà un peu y répondre.Comme nous allons le voir dans ce nouveau numéro de La Grande Oreille, avec le retour du loup dans nos campagnes, on assiste à l’irruption du passé dans le présent : les légendes d’hier se réactivent, et avec elles, les peurs et les fantasmes ancestraux que l’on croyait plus ou moins avoir apprivoisés ou étouffés dans le précaire confort de notre modernité. Bref, avec le retour du loup, c’est une figure emblématique du conte qui refait irruption dans la réalité, qui s’incarne dans toute sa force et se met à circuler en toute liberté.

Certains, toutefois, regrettent ce retour. Si seulement, se disent-ils, le loup avait pu rester aux frontières du sauvage, sagement enclos derrière les grilles d’un zoo ou d’un parc animalier, ou bien entre les pages des livres, pour faire frissonner les enfants ; ou encore dans les films et les séries télévisées qui aiment tant mettre en scène des loups-garous maléfiques plus ou moins repentis…

Quoi qu’il en soit, alors que tant de pays parlent de se refermer sur eux-mêmes, et alors que s’insinue la peur de celui qui vient d’ailleurs, il conviendrait peut être de se demander si le mal vivre avec les loups ne renverrait pas au mal vivre ensemble, et surtout avec cet Autre qui n’aurait pas dû passer la frontière qui le sépare de « chez nous ».

En tout cas, s’il est une frontière que tout lecteur de La Grande Oreille se doit de franchir allègrement, c’est bien celle qui sépare le papier du numérique, c’est-à-dire qui sépare votre revue du site qui lui est complémentaire. Plus vivant que jamais, ce site ne cesse de se développer et de s’améliorer pour vous apporter des actualités et des informations sur le conte et la vie des conteurs, ainsi que des articles et des entretiens qui ne figurent pas dans la revue. Il fait aussi entendre des sons et des voix, que, par définition, on ne peut trouver sur le papier. Est-ce à dire que votre revue risque de s’appauvrir ? Non, bien au contraire ! puisqu’elle continuera de vous proposer toujours plus d’articles de fond susceptibles d’aider tous ceux qui, sur le chemin du conte, sont confrontés aux multiples situations concrètes qui peuvent se présenter dans la vie quotidienne.

Mais assez parlé. Il est grand temps maintenant de nous tourner vers le loup… et de lui donner enfin la part qui lui revient !

Lionnette Arnodin et toute la rédaction.

*L’anthropologue toulousaine Marlène Albert-Llorca rappelle, dans son ouvrage L’ordre des choses. Les récits d’origine des animaux et des plantes en Europe, que dans les sociétés traditionnelles on prévoyait une « part du loup ».

 

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| Documents Complémentaires

Bibliographie sur le loup
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«Les loups dansent sur les clapas», conte de Dominique Schwob
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«La vieille et le loup», Delarue Tenèze
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Deux entretiens avec Michel Tournier, autour des thèmes des jumeaux et des vampires
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| Les sons et vidéos qui accompagnent ce numéro

Les trois petits cochons, Aimée de La Salle.


Mildiou, Gérard Potier

Contes russes, adaptation d’Olivier Cohen, lu par Pierre Arditi

Le coq d’or, Denis Podalydès

Contes de Louis Fréchette, Aurélien Boivin.

Le rap du loup, Hélène Bohy

Ronde des loups-garous, Chantal Grimm

Le Garou végétarien, Gigi Bourdin et La Rouchta



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